Recycler les effluents industriels pollués

Cristina Del Piccolo, responsable Procédés et Recherche & Développement chez Veolia Water Technologies, évoque le secteur actuel de la gestion des eaux usées industrielles et comment nous devons lutter contre une pollution nouvelle grâce à l'innovation.

Basée en Italie, Cristina a rejoint l'entreprise en 2002 et elle est responsable du département technique au sein de l'une de nos Techno BU. Son travail s'appuie sur les technologies d'évaporation EVALED™ qui permettent de recycler les effluents industriels pollués, aidant ainsi les clients du monde entier, sur les marchés de la santé, de la pharmacie et de l'automobile, à en tirer des avantages environnementaux, économiques et financiers.
Elle nous livre ici ses réflexions.


Où en est actuellement le recyclage des effluents industriels ?

« En termes de réglementation, si nous parlons des pays développés, nous en sommes tous plus ou moins au même stade. Mais, évidemment, certains pays font mieux que d'autres et quelques-uns doivent en faire plus. Bon nombre des entreprises que nous voyons ouvrir la voie se trouvent dans des pays ayant accès à moins de ressources globalement, elles doivent donc davantage valoriser l'eau pour assurer la continuité de leurs activités. La bonne nouvelle, c'est que beaucoup d’industries sont non seulement attentives au respect des réglementations — ce qui est essentiel — mais elles vont aussi plus loin dans la protection proactive de l'environnement.

S'agissant des objectifs de ces réglementations et de ces entreprises, l'attention portée aux principaux polluants connus et à leurs contributions est aujourd’hui suffisante ; cependant, cela évolue. Ces dernières décennies, nous avons développé tellement de médicaments et de produits chimiques industriels que la recherche visant de nouveaux polluants se poursuit. Nos connaissances ne cessent par conséquent de progresser, comme en atteste la prise de conscience sur les perturbateurs endocriniens qui attirent de plus en plus l'attention des autorités ; les réglementations font donc constamment l'objet de révisions, à mesure que la “situation actuelle” est mieux appréhendée. »

Quelle place la réutilisation de l'eau occupe-t-elle dans le secteur industriel ?

« L'accent est largement mis sur le reuse, mais aussi sur la recherche d'autres moyens d'envisager les eaux usées comme une ressource. Les technologies d'évaporation et de cristallisation, permettant de récupérer jusqu'à la dernière goutte, en sont assurément un. L'évaporation commence à être considérée non seulement comme l'étape ultime du traitement pour des installations à zéro rejet liquide, mais elle peut également être appliquée à la chaîne de production. Ainsi, les flux d'eaux usées peuvent être réutilisés dans le procédé de production lui-même. L'évaporation permet de transformer les eaux usées en un nouveau flux pour lequel des solutions alternatives sont possibles, jusqu'à la récupération comme nouvelle ressource. La réussite dépend ici de l'entreprise, de son secteur d'activité, de ses équipements et de la qualité d'eau requise. Cependant, ce qui est maintenant largement compris, c'est qu'il existe bel et bien une ressource et donc, ensemble, nous réfléchissons à un moyen de l'utiliser. Le reuse exige de la créativité, mais nous y parvenons. »

EVALED™ - Evaporation technologies

Quels principaux avantages ces “nouvelles” ressources apportent-elles au secteur industriel ?

« Il sont nombreux. Après l'évaporation et la cristallisation — où tout est récupéré — il reste un résidu final qui représente le volume le plus faible que l'on puisse atteindre. Cela signifie que toutes les ressources potentielles ont été captées, mais les avantages ne s'arrêtent pas là. En termes de gestion des déchets, le résidu occupe moins d'espace, ce qui se traduit par une réduction des coûts de transport et d'élimination. Sans oublier une empreinte carbone considérablement réduite. »
 

Quel est le plus grand défi auquel est confronté le secteur des eaux usées industrielles ?

« Les polluants qui ne sont pas faciles à traiter par les technologies conventionnelles. Nombre des technologies conventionnelles, telles que celles développées à destination des marchés traditionnels comme l'industrie agroalimentaire pour traiter leurs composés biodégradables, ont été mises au point il y a des années. La pollution était alors différente de celle que nous connaissons aujourd'hui, et ce, en raison des nouveaux produits chimiques et médicaments que les industries utilisent dans la fabrication, ou des nouveaux métaux, qui proviennent de nouveaux procédés industriels et de nouveaux produits. En outre, notre connaissance générale de tous ces polluants est bien meilleure et nous sommes attentifs à une liste bien plus longue qui requiert différentes approches de traitement. C'est là que l'innovation est essentielle pour que nous puissions répondre aux exigences, non seulement en termes d'évolution de la pollution, mais aussi de réglementation accrue. »
 

Comment l’industrie traite-t-elle ces nouveaux polluants ?

« Le traitement de la pollution à la source est un sujet important. L'idée est de s'attaquer à la pollution là où les concentrations sont beaucoup plus élevées et les débits réduits, directement en sortie de l'usine, plutôt que dans le système municipal de traitement des eaux usées, une fois que la pollution est dispersée. Certes, le traitement s'effectue dans le système municipal mais, techniquement parlant, nous pouvons faire face aux deux situations de manière complètement différente, avec deux filières différentes, mieux adaptées aux concentrations en parties par million (ppm) d'un composé dans le flux d'eaux usées. Cela nous permet d'obtenir un bien meilleur taux de traitement. Il est tout à fait pertinent d'essayer de les séparer. Ce qui est clair, c'est que l'évaporation est une technologie très perfectionnée, surtout pour les principes actifs pharmaceutiques — des molécules très grosses et complexes — en tant que technologie de séparation. »
 

Comment voyez-vous l'avenir du recyclage et de la réutilisation des eaux usées industrielles ? 

« Nous continuerons à pousser à la réduction de la quantité d'eau jusqu'à ce qu'elle devienne une obligation constante. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les technologies dont nous disposons actuellement, et nous devons continuer à investir pour faciliter la valorisation de l'eau avec une efficacité accrue et des OPEX réduits. Jusque très récemment, si les clients voulaient récupérer leur eau en totalité, la filière de traitement qu'ils devaient mettre en place était d'ordinaire complexe et coûteuse — tant en termes de CAPEX que d'OPEX. Mais la technologie comble ce fossé et rend cette approche beaucoup plus accessible aux petites et moyennes entreprises, et pas seulement aux géants industriels. »

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