Le marché pharmaceutique mondial en plein bouleversement

Global pharma: a disrupted market

L'importance de la durabilité en affaires ne fait plus de doute. Nous sommes en 2022 et c'est un sujet crucial pour les entreprises, quels que soient le secteur ou la localisation. Ces dernières années, la COVID-19 a logiquement focalisé en grande partie l'attention du marché pharmaceutique mondial ; pour autant, le changement climatique n'a pas disparu. 

Dans une approche prospective, Luca Danesi, directeur des ventes, division Pharma - Europe, nous fait part de son point de vue concernant les principales tendances qui modèlent l'industrie pharmaceutique, les défis face auxquels les clients ont le plus besoin d'aide, et l'importance croissante des réglementations environnementales. 

Quelles sont les principales tendances qui influent sur l'industrie pharmaceutique en matière de durabilité ?

La réduction des déchets, la réutilisation et le recyclage sont les principaux thèmes qui orientent les meilleures pratiques de durabilité dans le secteur. Et ces efforts sont tous trois appliqués à l'ensemble des activités. De la fabrication d'équipements qui doivent être recyclables – et recyclés – en fin de vie, à la réduction de l'exploitation des ressources naturelles, ces mesures importantes modifient déjà la physionomie du secteur. 

Global pharma Aside

Beaucoup d'autres industries se concentrent sur la réutilisation de l'eau comme moyen de limiter leur impact sur l'environnement. Sachant que la réutilisation est limitée dans le secteur pharmaceutique, comment envisagez-vous son développement, le cas échéant ?

« Nombre de procédés pharmaceutiques requièrent de l'eau hautement purifiée répondant à de strictes normes réglementaires. Cela limite évidemment les possibilités de réutilisation, mais nous devons mettre l’accent sur l'équilibre entre la réutilisation de l'eau pour le nettoyage, le refroidissement et l'irrigation. Pour les entreprises qui prélèvent 50 à 60 tonnes d'eau douce chaque jour, il existe une limite physique et, bientôt, l'eau de cette quantité ne sera plus disponible – et pas seulement dans certaines régions d'Asie et d'Afrique. La réutilisation est un outil que les entreprises peuvent utiliser pour surmonter ces limites physiques et il faut espérer qu'elles seront plus nombreuses à investir au plus tôt, car la pénurie d'eau menace la continuité des activités. Cette situation, conjuguée à la sensibilisation du public au changement climatique et à la rareté de l'eau, implique que les entreprises veillent à la survie de la planète. Pour ce faire, les précautions doivent devenir des obligations, et pas seulement des suggestions comme elles le sont dans de nombreuses régions du monde. »

 

Concernant les défis liés à la gestion des ressources, où réside le plus grand risque ?

« Garantir une disponibilité ininterrompue de l’eau de qualité pharmaceutique. Il s’agit de l'utilité la plus critique dans l'environnement pharmaceutique, souvent requise 24 heures sur 24 et sept jours sur sept et, sans elle, la production s'arrête. Alors que de plus en plus de régions succombent au changement climatique et que la pénurie d'eau est de plus en plus fréquente, nous voyons de nombreuses entreprises adopter des objectifs ambitieux pour réduire leur consommation afin de protéger l'eau à laquelle elles ont accès alors que les ressources locales sont sous pression. »

 

Comment envisagez-vous la prochaine étape pour créer une planète plus verte grâce au plaidoyer pour l'eau ?

« La réutilisation de l'eau connaît plusieurs limites dans l'industrie pharmaceutique mais, au sein de ces limites, il y a des opportunités. La prochaine étape consiste donc à les comprendre, à réduire significativement les besoins en eau et à la réutiliser partout où cela est possible. Par exemple, les nouveaux équipements permettent de réduire considérablement le volume d'eau concentrée allant à l'égout. »

 

Durant la pandémie, quels ont été les plus grands changements que vous avez constatés sur le marché pharmaceutique ?

« Une mondialisation massive du jour au lendemain. L'augmentation de la production a été considérable – et n'a pas concerné seulement les entreprises pharmaceutiques produisant des médicaments, mais aussi les fabricants de dispositifs médicaux et les entreprises de développement et de fabrication sous contrat (CDMO) – tous ceux qui travaillent dans ou pour le compte de l'industrie pharmaceutique ont été touchés. En conséquence, ces structures ont nécessité des services et du soutien, qu'il s'agisse d'accroître la disponibilité en matériaux courants et ressources naturelles ou de gérer les déchets. »

 

Comment avez-vous aidé vos clients à faire face à ces changements ?

« L'impossibilité de se déplacer, de se rendre sur sites et d'inspecter les équipements aurait pu entraîner de graves perturbations ; cependant, grâce à nos outils de contrôle et d'inspection à distance, nous avons pu poursuivre nos activités normalement. Associant des outils digitaux et l'expertise de nos équipes, Hubgrade nous a ainsi permis, même à distance, de garantir les indicateurs clés de performance (ICP), d'assurer un service continu et de contrôler tous les composants. Même en cette période difficile, beaucoup de nos clients, et pas seulement ceux du secteur pharmaceutique, ont réussi à se développer, certains même avec une croissance à deux chiffres. »

 

À quoi ressemble la nouvelle normalité pour les fabricants de produits pharmaceutiques ?

« Tous les secteurs d'activité sont aujourd'hui confrontés à d'énormes difficultés concernant la disponibilité des matériaux et les délais de livraison. Nous travaillons donc avec nombre de nos clients pour optimiser et prolonger la durée de vie des équipements existants afin de garantir la continuité des activités. Nous y parvenons en veillant à l'entretien correct des équipements, si bien que de plus en plus de clients ont besoin de services tels que la fourniture de pièces de rechange, de consommables et de produits chimiques de traitement de l'eau. »

 

On porte une attention particulière à la prévention de la pénétration des produits pharmaceutiques dans le milieu aquatique. Quelle est l'importance des réglementations environnementales dans la résolution de ce problème ?

« C'est un sujet crucial pour préserver la biodiversité et la santé humaine. Désormais, nous savons faire mieux que d’incinérer les effluents contaminés par des substances toxiques et des solvants ou de mettre en décharge les eaux usées exemptes de ces substances ; il n'existe toutefois, à l’heure actuelle, aucune obligation légale de le faire, uniquement des recommandations et de la bonne volonté. Nous devons nous inspirer des pays qui ouvrent la voie en traitant et en réutilisant autant que possible – dans les limites évoquées précédemment – et en transformant les eaux usées en ressource, plutôt que d’avoir recours au robinet. »